Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 3.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’inconnu qui avoit aussi ses chagrins, quoi qu’ils fussent moins violents que ceux de Lisimene, fut extraordinairement surpris de trouver dans ce desert, & sous un si simple habillement, une personne d’une démarche aussi noble : car, le voile qui la couvroit, empêchoit qu’il ne pût juger de sa beauté, jugeant seulement de sa condition par une parure, qui malgré sa propreté ne présentoit à ses yeux qu’une Villageoise, il l’aborda sans cérémonie, mais avec toute l’honnêteté qu’il avoit en général pour le beau sexe.

Que portez-vous dans ce grand panier, la belle Enfant, lui dit-il, il me semble que vous êtes bien chargée ; ne craignez vous point de succomber sous ce pesant fardeau.

Il parloit ainsi, parce que les Silphes qui la soulageoient, étoient invisibles pour lui & pour sa suite.