Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 3.djvu/228

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soit, tandis qu’elle étoit encore au lit, Liron avoit eu le tems d’aller à la Fontaine, & elle arriva du Poirier directement au moment que Pigriéche qui s’étoit glissée de buissons en buissons, en étoit assez près d’elle pour entendre qu’elle lui parlait, & pour voir la facilité avec laquelle elle avoit choisi le fruit. Ainsi, ne croyant pas avoir besoin d’une plus ample instruction, ne s’imaginant pas non plus être obligée d’entretenir un arbre qui lui appartenoit, aussi poliment que Liron avoit fait, (politesse dont elle n’étoit pas capable.) Elle l’aborda brutalement, comme elle faisoit tout ; allons vite, lui dit-elle, je n’ai ni le tems ni l’envie de m’amuser ici à te faire des complimens : il me faut des poires, baille promptement ces branches. A ces tendres discours, & prononcés par une si belle bouche, le Poirier resta im-