Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 3.djvu/88

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Ce n’est pas qu’ils ne se sussent aisément accommodés avec Richarde s’ils n’avoient eu qu’elle à contenter, car sa grossiereté paroissoit plutôt un effet du peu d’éducation qu’elle avoit eue que de la malice de son cœur, & elle auroit été supportable, si elle n’avoit pas été possédée d’une tendresse si folle, pour sa fille Pigrièche qu’il étoit impossible de la supporter. Cette créature étoit toujours mécontente, criaillant sans cesse, & justement haïe de tout le monde qu’elle haïssoit ainsi.

Sa haine étoit déclarée particulierement contre Lisimene, elle l’avoit prise en aversion au premier coup d’œil, & elle auroit obligée Richarde à renvoyer cette Princesse avec son pere, si les piéces d’or qu’elle en tiroit ne l’avoient pas adoucie, les destinant en elle-même pour acheter des ajustemens.