La saison où ma grande jeunesse me permettoit de rester auprès d’elle étant insensiblement écoulée, on m’en sépara ; j’en fus fort touché : mais comme on me faisoit entendre que le but de cet éloignement étoit de me mettre en état de la mériter, je me consolai plus facilement.
En sortant de la Cour, je fus conduit par ordre de mon pere dans un endroit qui en est assez éloigné. Il est habité par des Sçavans Solitaires, dont la vertu sert encore plus à leur réputation que le bruit de leur science.
Je restait huit ans auprès d’eux, sans en sortir & sans revoir ma famille. L’indifférence que j’éprouvois de la part de mon pere & de ma mere, m’en inspira une aussi grande pour eux. [C’est à cet éloignement réciproque que j’attribuë le peu d’empressement