Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/103

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grand voile, elle se rendit au lieu où sa rivale étoit attenduë.

On l’y attendoit en effet avec toute l’impatience que l’amour est capable de causer dans un cœur véritablement épris. Le Prince, qui croyoit toucher au plus heureux moment de sa vie, avoit devancé le jour de plus de deux heures, & il ne répandoit encore qu’une lueur bien foible, lorsque la maussade Pigriéche parut sous une ressemblance qu’elle étoit si peu capable de soutenir.

Le Prince, trompé par les habits, ne manqua pas de s’y méprendre & courant au-devant de cette feinte Lisimene avec un empressement digne de celle qu’elle representoit : Enfin, belle Princesse (lui dit-il tout transporté) voici l’heureux moment qui va nous unir pour jamais :