Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle ne laissoit pas d’être tourmentée interieurement, & elle se reprocha plus d’une fois d’avoir trop écouté la passion de sa fille. Mais ces inquiétudes furent suspenduës de tems en tems par la joye que lui donnait l’esperance de voir dès ce jour Pigriéche femme du Prince Parfait.

Ce jour qu’elle souhaitoit si ardemment parut enfin, & il la trouva dans cette alternative d’effroi & de satisfaction. Mais le bruit des instrumens, qui par leurs fanfares invitoient le peuple à un spectacle si généralement désiré, détermina enfin son cœur à la joye : elle s’y abandonna entierement, en pensant que tous ces préparatifs combleroient bientôt de gloire sa fille & elle.

Comme Richarde n’étoit pas Reine, qu’elle n’avoit aucun rang, & que ses crimes étoient publics,