Page:Contes de l Ille et Vilaine.djvu/14

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La marâtre, furieuse, résolut de se venger.

Elle se dit très malade et s’alita. Je sens que je vais mourir, dit-elle à son mari, et cependant je crois que si l’on me donnait à manger une côtelette du grand mouton blanc, je pourrais peut-être guérir.

Le mari se fit tirer l’oreille, car il aimait beaucoup son mouton qui avait été élevé par sa première femme et qui était le préféré de sa fille. Mais la malade geignait tellement sous ses couvertures, qu’il eut peur d’avoir à se reprocher la mort de cette malheureuse, et il envoya chercher le boucher pour saigner la bête.

Qu’on juge du chagrin de l’infortunée bergère en voyant le boucher s’emparer de son mouton blanc pour le saigner. Elle s’en alla, toute éplorée, raconter à la fée du puits le nouveau malheur qui la frappait.

Console-toi, lui dit celle-ci, ce mouton était bien vieux et ne pouvait vivre longtemps. Fais en sorte de te procurer ses quatre quilles[1] et sa tête. Tu planteras les quilles

  1. Jambes.