C’était en Novembre, c’est-à-dire à l’époque des jours tristes et sombres ; la bonne femme tout impressionnée de la cérémonie religieuse s’en allait en songeant au passé, à son enfance sitôt écoulée, à sa jeunesse, à son mariage avec Jacques si tendre et si bon. Elle se voyait encore fraîche et parée au bras de son époux. Que de fois n’avait-elle pas parcouru gaîment ce même chemin qui lui semblait si désolé aujourd’hui ! En comparant son isolement aux joyeux propos d’alors de grosses larmes coulaient le long de ses joues creuses et tombaient sur sa piécette[1].
Lorsqu’elle fut arrivée dans sa chaumière, elle se laissa choir sur une chaise et se mit à sangloter en regardant, dans un coin de la cheminée, le petit banc de bois sur lequel son pauvre homme passait les soirées d’hiver à fumer sa pipe.
La vieille était ainsi depuis quelques instants plongée dans sa douleur, lorqu’un étranger entr’ouvrit la porte et entra tout doucement.
- ↑ La piécette est le haut du tablier que les paysannes attachent sur la poitrine.