Page:Contes de l Ille et Vilaine.djvu/242

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à fait tard quand mon frère rentrit. Il était essoufflé et le peil[1] li piquait dans la tête.

— Qu’as-tu donc ? li dit mon père.

— Ah ! mon Dieu ! Je viens de voir ce que je n’avais jamais vu.

— Qu’as-tu vu comme ça ? que j’lui dîmes.

— J’ai vu le lutin.

Et il nous raconta qu’au moment de passer la planche jetée sur le ruisseau des prés Moriaux, il avait aperçu, de l’autre côté, un mouton tout blanc qui ouvrait la goule tant qu’il pouvait.

— Tiens, pensit mon frère, v’là un drôle de mouton ; on dirait qu’il rit de ma.

Mais comme le gars n’était peuroux race en tout, il n’y prit point autrement de garde, et continua sa route.

Arrivé à la brèche du champ, v’là mon François qui s’mit à califourchon sur la barrière pour passer de l’autre côté, quand tout d’un coup, sauf votre respect, il se trouvit à bas, le cul par-dessus la tête, sans pouvoir comprendre comment que ça se fit.

  1. Poil, cheveux.