Page:Contes de l Ille et Vilaine.djvu/252

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tout à coup ils virent sortir d’une has[1] deux grandes chèvres gares[2] dont le poil traînait jusqu’à terre, avec des cornes d’une longueur énorme.

Leouis[3] le plus courageux, dit à Joson[4] : « Enfourchons les bêtes » et ils sautèrent à califourchon sur les biques. Aussitôt que celles-ci furent montées leurs jambes s’allongèrent démesurément, puis elles partirent avec une vitesse incroyable. Un cerf au galop n’aurait pu les suivre.

Le poil des chèvres et les cheveux des cavaliers volaient au vent. Les biques semblaient aller droit devant elles, franchissant les talus, les haies, les fossés, traversant bois et broussailles. Elles s’arrêtèrent enfin sur le haut d’un rocher dominant une rivière. L’un des gas dit en reprenant haleine : « À tout coup é n’passeront tout de même point c’te rivière. » Il n’avait pas achevé de parler que le torrent était franchi et que son compa-

  1. Haie.
  2. Blanches et noires.
  3. Louis.
  4. Joseph.