Page:Contes de l Ille et Vilaine.djvu/274

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couvertures des lits, jetait les dormeurs par terre, ou frappait ceux qui, le jour, s’étaient moqués d’elle.

Il y avait cependant un moyen d’éviter ses maléfices, et, pour cela, il suffisait de lui adresser des compliments. Elle était sensible aux louanges. Si, au lieu de l’injurier, on lui disait bien gentiment : « Te voilà, belle Jeannette, laisse-moi, ne me fais pas de mal, je t’aime bien, je suis ton ami, etc. » ; alors elle s’en allait tranquillement, ou même s’employait à votre service si vous en aviez besoin.

Sa rage est aujourd’hui assouvie. On n’entend plus parler d’elle, il n’y a guère que les ivrognes, revenant des foires et des marchés, qui affirment l’avoir rencontrée. Mais les habitants de Loutehel, et même de tout le canton de Maure, vous déclareront, quand vous voudrez, que leurs pères ou grands-pères ont été maltraités par la bête de la Lohière, il n’y a pas plus de cinquante ans.

(Conté par M. de la Vigne,
Maire de Loutehel).