Page:Contes de l Ille et Vilaine.djvu/286

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Une fois rentrée chez elle la couturière raconta à sa mère ce qui lui était arrivé. « Je suis certaine dit-elle, d’avoir vu un suaire sur une tombe du cimetière et quatre cierges allumés. Cependant mon apprentie, elle, n’a rien vu. »

— Celle qui voit, répondit la mère, est dans la grâce du bon Dieu, et celle qui ne voit rien est en état de péché mortel. La première fois que t’apparaîtra cette vision, il faudra t’armer de courage, entrer seule dans le cimetière, t’agenouiller près de la tombe, toucher le suaire et réciter des prières pour le mort qui a été enterré à cette place.

Dès le lendemain soir, l’ouvrière aperçut ce qu’elle avait vu la veille. Elle congédia son apprentie et, plus morte que vive, alla prier sur la tombe.

Comme elle touchait le linceul étendu à ses pieds, une voix semblant sortir des entrailles de la terre, lui dit : « Ce linceul servira à t’ensevelir. »

La couturière se sauva, effrayée, et s’en alla répéter à sa mère les paroles qu’elle venait d’entendre.