Page:Contes des Fées, par Perrault, Mme D’Aulnoy, Hamilton et Mme Leprince de Beaumont, 1872.djvu/470

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cette nombreuse assemblée, quand on découvrit la gorge d’albâtre de la véritable Belle-Belle ! chacun connut que c’était une fille innocente, accusée injustement. La reine émue et confuse se troubla à tel point, que le poison commença de faire des effets surprenants ; elle tombait dans de longues convulsions, dont elle ne revenait que pour pousser des regrets cuisants ; et le peuple qui chérissait Fortuné lui avait déjà rendu sa liberté. L’on courut annoncer ces surprenantes nouvelles au roi, qui s’abandonnait à une profonde tristesse. Dans ce moment la joie prit la place de la douleur ; il courut dans la place, et fut charmé de voir la métamorphose de Fortuné.

Les derniers soupirs de la reine suspendirent un peu les transports de ce prince ; mais comme il réfléchit sur sa malice, il ne put la regretter, et résolut d’épouser Belle-Belle, pour lui payer par une couronne, les obligations infinies qu’il lui avait ; il lui déclara ses intentions. Il est aisé de croire qu’elles la mirent au comble de ses souhaits, beaucoup moins par rapport à son élévation que par rapport à un roi plein de mérite pour lequel elle avait toujours ressenti une tendresse extrême.

Le jour du célèbre mariage du roi étant marqué, Belle-Belle reprit ses habits de fille, et parut alors mille fois plus aimable qu’elle ne l’était sous ceux du chevalier. Elle consulta son cheval sur la suite de ses aventures ; il ne lui en promit plus que d’agréables ; et en reconnaissance de tous les bons offices qu’il lui avait rendus, elle lui fit faire une écurie lambrissée d’ébène et d’ivoire ; il ne couchait plus que sur des matelas de