Page:Contes espagnols, trad. Contamine de Latour et Fouché-Delbosc, 1889.djvu/262

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promener sous ces vastes voûtes, sous ces aulnaies, palais perpétuels de milliers d’oiseaux, qui, joyeux, y chantent leurs amours, y exhalent leurs plaintes langoureuses, y élèvent leurs petits bien-aimés et y trouvent une cachette sûre quand ils fuient les griffes terribles des aigles et des éperviers.

L’eau qui descend des montagnes, transforme la vallée en un jardin éternel et, se changeant en torrent qui arrose les tendres fleurs de ses rives, semble pleurer en murmurant un éternel adieu à cette terre de délices, où elle vit la première lumière.

Oh ! qu’elle est donc belle, la vallée de Solibella !


II


L’année 1836 s’écoulait et, pour la vallée de Solibella, tout était fête, tout était joie.

Elle était aussi déserte que belle ; aussi belle que déserte.

Loin du monde, pour elle, la guerre qui désolait la patrie et qui tuait tant de frères, n’existait pas.