Page:Contes espagnols, trad. Contamine de Latour et Fouché-Delbosc, 1889.djvu/279

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Elle seule sait que dans ce papier est contenue la mort de son bonheur, le supplice de deux âmes.

Hélas ! si au travers du faux sourire dont elle accueille les félicitations qu’on lui adresse, on pouvait lire dans son cœur, on verrait certainement qu’elle pleure des larmes de sang !…

En arrivant chez elle, elle s’enferme dans sa chambre, qui, avant d’être la chambre nuptiale, sera la chambre de la douleur.

Là, elle donne libre cours à ses sanglots et plus que tremblante, convulsionnée, ouvre ce fatal papier : elle y trouve la certitude du martyre de l’innocente victime qu’elle a si cruellement immolée.

« Chaque jour augmente la guerre qui ruine notre pays et fauche la vie de tant de nos frères. C’est là que doivent courir tous les Catalans qui n’ont pas d’espoir en ce monde.

Adieu pour toujours, Maria ! je quitterai bientôt le lourd fardeau de la vie et je demande au ciel qu’il te donne, à toi seule, tout le bonheur que nous avions entrevu ensemble sur la terre ! Adieu !… Adieu !… »