Page:Contes espagnols, trad. Contamine de Latour et Fouché-Delbosc, 1889.djvu/68

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qui marche au lieu du supplice n’a pas plus piteuse mine.

Les rues de la ville sont solitaires et silencieuses ; tous leurs habitants sont allés au quai, dire un triste adieu à leurs parents, à leurs amis, à leurs voisins, à leurs compatriotes qui partent pour Outremer.

— Que la ville est triste ! — s’écrie Pierre. — Presque aussi triste que mon cœur.

« Pauvre insensé ! Marie me regardait avec des yeux pleins de bonté et son père se montrait bienveillant avec moi ; cela m’inspira du courage et me fit concevoir de trompeuses espérances.

« J’osai déclarer mon amour, et Marie m’avoua le sien. Oh ! Ils se trompent ceux qui disent qu’on meurt aussi de plaisir, car certainement j’en serais mort alors.

« Quel avenir souriant je rêvai dans cet heureux moment ! Il me semblait que tous les hommes devaient envier mon sort.

« Mais, que mon bonheur dura peu ! Ce même jour, j’entendis parler de l’avarice du père de Marie ;