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Page:Contes espagnols, trad. Contamine de Latour et Fouché-Delbosc, 1889.djvu/77

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la terre promise, combien y traînèrent une existence misérable ! Combien peu acquérirent les richesses qu’ils avaient rêvées ! Les plus fortunés eux-mêmes désiraient ardemment revenir dans leur patrie.

— Est-il possible de regretter un pays aussi triste ? Là-bas, tout respire la gaîté ; l’atmosphère est toujours diaphane, le ciel d’azur, le soleil de feu.

— Moi, j’aime les vapeurs blanchâtres qui s’élèvent de nos ruisseaux, le brouillard épais qui enveloppe la crête de nos monts, la pluie qui enfle les torrents et inonde les campagnes, la neige qui couvre les champs et les montagnes, le pâle soleil qui nous chauffe sans nous brûler. Ainsi le corps est agile, le sang frais, la tête libre.

— Et le cœur froid, n’est-il pas vrai ? Les femmes de ces climats savent aimer passionnément, et quand une fois elles ont donné leur cœur, serait-ce au plus humble des hommes, elles ne l’oublient pas pour un autre plus favorisé de la fortune ; surtout