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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/193

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CONTES SECRETS RUSSES

jambe et je la lui remets. » La femme se dit : « Pour sûr, il a un gros υιτ ! Té ! il φουτ la jument ! » Sans dire gare, elle s’assit sur le bord extérieur de la charrette ; la roue ayant rencontré un fossé, la Petite-Russienne versa. « Cours vite chercher le soldat, » cria-t-elle, « je me suis démis un membre ! » En quelques secondes, le mari arriva près du cuirassier : « Militaire ! sois un père pour nous ! Viens-nous en aide, s’il te plaît ! ma femme s’est démis un membre. — Il n’y a pas à dire ! Puisque tu es dans la peine, il faut que je vienne à ton secours. » Bref, le mari ramena le soldat sur le lieu de l’accident.

La Petite-Russienne gisait à terre et gémissait : « Ah ! Seigneur, je me suis luxé la jambe ! — As-tu une bâche pour couvrir la charrette ? » demanda le soldat au Petit-Russien. — « Oui. — Bien ; donne-la ! » Il couvrit la charrette et y déposa la victime de l’accident. « As-tu du pain et du sel ? » continua-t-il. — « Oui. » Le cuirassier prit un morceau de pain et le saupoudra de sel. « Allons, Petit-Russien, va tenir les bœufs, pour qu’ils ne bougent pas de place. » Le Petit-Russien les saisit par les cornes et les tint immobiles ; pendant ce temps, le cuirassier grimpa dans la charrette et commença à βαισερ la femme. Le fils remarqua que le soldat était couché sur sa mère : « Papa, » fit-il, « eh ! papa, le soldat βαισε maman. — En effet, mon fils, on dirait qu’il la βαισε ! Mais non ! Il ne peut pas faire cela après avoir mangé