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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/207

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CONTES SECRETS RUSSES

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Dans certain pays vivait un pope qui était amoureux de la femme d’un paysan ; toutes les fois qu’elle allait chercher de l’eau, il se mettait à hennir comme un étalon. Un jour qu’elle se rendait, selon sa coutume, à la fontaine, le pope s’étant mis à hennir à sa vue, elle s’avisa de lui répondre par un hennissement du même genre. En un instant l’ecclésiastique fut auprès d’elle : « Eh bien ! charmante, n’y a-t-il pas moyen de faire ta connaissance ? — Si, batouchka ! seulement, il faut arranger cette affaire. » Revenue chez elle, la paysanne dit à son mari : « Le pope veut faire ma connaissance, il demande à passer la nuit avec moi. — Eh bien ! quoi ? Qu’il vienne ! J’irai travailler aux champs et, à mon retour, je le pincerai ; peut-être que nous pourrons lui soutirer quelque chose. » Le moujik partit avec sa charrette et fit exprès de passer devant la cour du pope. « Où vas-tu, mon cher ? — Je vais labourer un champ, batouchka, donnez-moi votre bénédiction pour la route. — C’est une bonne chose, » reprit le pope, « que Dieu te bénisse ! » La femme, de son côté, alla aussitôt chercher de l’eau et, rencontrant le pope, elle lui dit : « Eh bien ! mon mari est allé labourer ! Viens ce soir, batouchka ; je te prépa-