Aller au contenu

Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
CONTES SECRETS RUSSES

de vin, les deux hommes se mirent à fraterniser. « Eh bien ! copain, à présent nous voilà amis pour toujours ! — Certainement, copain, comment donc ! » Dès lors, chaque fois qu’ils se rencontraient, il se traitaient de copains gros comme le bras et s’offraient réciproquement des petits verres. Un jour le hasard les fit se rencontrer dans une gargote. « Ah, bonjour, copain ! — Bonjour, copain ! Comment va ta vache ? — Grâce à Dieu, elle va bien. — Allons, tant mieux, Dieu soit loué ! Mais, voyons, copain, est-ce que nous ne pourrions pas devenir parents l’un de l’autre ? — Pourquoi pas ? Tu as un fils en âge de s’établir et moi j’ai une fille à marier. — Eh bien ! c’est une affaire conclue, n’est-ce pas ? — Affaire conclue ! » Ils causèrent encore un moment, puis se quittèrent. De retour chez lui, le paysan qui avait vendu la vache dit à son fils : « Allons, mon garçon, remercie-moi : je t’ai trouvé une femme, je veux te marier ! — Où donc l’as-tu ainsi trouvée, père ? — Te rappelles-tu le copain à qui j’ai vendu une vache dernièrement ? — Oui, père. — Eh bien ! ce copain a une fille, une beauté ! — Est-ce que tu l’as vue ? — Non, mais son père me l’a dit. — Si tu ne l’as pas vue, tu ne peux pas vanter sa beauté. Tu le sais toi-même, on n’achète pas chat en poche. Laisse-moi aller à leur village, je verrai de quoi il retourne et je m’assurerai de ce qu’est cette fille. — Eh bien ! va et que Dieu te protège ! »