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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/75

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CONTES SECRETS RUSSES

passade ! » Ensuite, il retourna au bois, y aperçut un tétras et le tua. Comme le chasseur, chargé de son gibier, regagnait sa demeure, une dame le vit par la fenêtre de sa maison et l’invita à entrer. « Quel est le prix de ce tétras ? » demanda-t-elle. « — Il n’est pas à vendre, j’en ai disposé par un vœu. — Comment cela ? — En allant à la chasse, j’ai promis que je donnerais pour une passade ce que je tuerais. — Je ne sais comment faire, » reprit la dame, « j’ai terriblement envie de ce tétras ! Coûte que coûte, je veux l’avoir. Mais je fais conscience de me mettre sous toi… — Qu’à cela ne tienne, madame, je me coucherai sous toi et je te laisserai le dessus. » Ainsi fut fait. — « Eh bien ! moujik, donne-moi le tétras. — Pourquoi te le donnerais-je ? Ce n’est pas moi qui t’ai βαισέε, c’est toi qui m’as βαισέ. » Renoncer à l’acquisition de l’oiseau était au-dessus des forces de la dame. « Allons, » dit-elle, « monte sur moi. » Le moujik la βαισα une seconde fois. « À présent, » fit-elle, « tu vas me donner le tétras ? — Pourquoi cela ? Nous sommes, quittes, voilà tout. — Eh bien ! monte encore une fois sur moi. » Il besogna de nouveau la dame ; après quoi, elle lui dit : « Il me semble que maintenant j’ai bien gagné le tétras. » Quelque désagréable que cela lui fût, le chasseur, pour le coup, dut s’exécuter et retourna chez lui les mains vides.