Page:Contes tjames, trad. Landes, 1887.djvu/116

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une échelle pour que son mari remontât et le fit changer de vêtements.

Un autre jour la femme de l'aveugle alla au marché. La belle-mère tira le riz de la marmite, le mit sur un plateau et porta à manger à son gendre. Elle mit le plateau près du lit et dit au gendre : Votre femme tarde beaucoup à revenir du marché, je vous ai porté votre repas. Ensuite elle partit. Vint un chien qui mangea le riz et lécha l'écuelle. La belle-mère revint, vit le chien qui léchait l'écuelle et demanda à son gendre s'il avait mangé. Celui-ci répondit que oui. Il en dit autant à sa femme quand elle revint du marché.

Une autre fois la femme alla encore au marché et la belle-mère porta le riz à son gendre. Elle le posa près du lit et sortit pour aller chercher un bol de ragoût. Le gendre avait pris sa hache pour guetter le chien qui lui avait mangé son riz. Quand la belle-mère rapporta le bol de ragoût, il entendit le bruit du bol frottant sur le plateau et, croyant que c'était le chien, administra à sa belle-mère deux ou trois coups du manche de sa hache. Aux cris de la vieille il s'arrêta, il n'alla pas s'excuser en disant qu'il l'avait prise pour le chien, il resta silencieux et ne toucha pas au riz.

Quand la femme revint du marché, la mère lui raconta l'affaire. La femme demanda à son mari pourquoi il avait agi ainsi. Il répondit : D'après mes principes, c'est ma femme qui doit me porter à manger, voilà la règle. Maintenant ta mère est devenue ma belle-mère, elle a agi comme si elle était devenue ma mère, et m'a porté du riz pour manger, cela est contraire à la règle, c'est extrêmement inconvenant. Comme ta mère ne connaissait pas les convenances, je l'ai battue.

Un autre jour son beau-père lui dit de mener les domestiques couper du bois pour une charrue. Il partit avec eux, mais il