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III

TABONG LE PARESSEUX[1]


En ce temps-là, il y avait un homme qui était paresseux depuis qu’il était sorti du ventre de sa mère. Il était quarante fois paresseux, au point qu’il ne raclait jamais la crasse sur son corps et qu’en un an il n’allait se baigner qu’une fois. Dans ce monde, sous le ciel, il n’y avait personne qui l’égalât (en paresse). Un jour, je ne sais comment, il eut une idée. Il prit sa serpe pour tailler une canne à pêche, acheta une aiguille qu’il recourba pour en faire un hameçon et alla à la pêche. Arrivé au fleuve il se mit à pêcher.

Il jeta sa ligne à l’eau et un poisson klwa vint mordre, il retira vivement la ligne et prit un klwa. Il cassa alors un brin de jonc, enfila le poisson par les ouïes et le mit derrière lui. Il jeta ensuite de nouveau sa ligne à l’eau et pêcha.

Mais un corbeau qui était je ne sais où vola vers lui et enleva le poisson. Le paresseux injuria le corbeau. Il prit encore un

  1. Voir Contes et Légendes annamites, 62-59.