Page:Contes tjames, trad. Landes, 1887.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les avait pas vus. Le Fort voulut prendre du feu, il s'approcha du métier de fer, l'ogresse prit la branche du métier pour faire sauter Le Fort, mais Le Fort d'un coup de reins la brisa. Le Fort dit à l'ogresse : Pourquoi avez-vous pris cette barre pour me faire sauter ? L'ogresse ne répondit rien, elle était embarrassée. Le Fort voulait la tuer. Il dit : Mes deux frères cadets, vous les avez faits sauter de même ; maintenant dites-moi la vérité, qu'avez-vous fait d'eux, que je ne les vois plus.

L'ogresse avoua tout, elle dit : Véritablement j'ai fait sauter vos deux frères dans la chaudière où ils sont morts. Maintenant épargnez-moi et je leur ferai prendre une drogue qui les ressuscitera[1]. Le Fort ordonna à l'ogresse de porter cette drogue et de la donner à Tire charrette et à Hawi Hawëi. Aussitôt qu'elle leur eût donné la drogue ils revinrent à la vie. Le Fort ordonna à l'ogresse de lui donner cette drogue de résurrection. Ensuite il saisit l'ogresse, lui cousit les yeux et la bouche et l'attacha. Ils arrachèrent toutes les cannes à sucre de l'ogresse. Ensuite ils lui dirent : Quand ton mari reviendra de la forêt, dis-lui de suivre les restes de cannes et les suivant jusqu'au bout il nous trouvera.

Le soir le mari de l'ogresse revint de la forêt portant sur l'épaule deux éléphants femelles et un petit à la main, il cria à sa femme de venir lui ouvrir la porte, mais elle ne vint pas. Il appela deux ou trois fois et sa femme ne lui répondit pas. Alors il enfonça la porte, entra dans la maison avec ses éléphants et vit sa femme attachée, les paupières et les lèvres cousues.

L'ogre décousit les yeux et la bouche de sa femme. L'ogresse alors lui raconta que deux hommes étaient venus chercher du

  1. Je traduis par drogue, le texte étant assez vague ; mais il s'agit évidemment, comme au numéro 15 et dans l’Homme de la lune de l'Annamite, de quelque branche ou rejeton d'arbre qui reprend par bouture.