Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/127

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ses contemporains, et quand, assis sur le Sommet, il se mettait en rapport avec les astres, et, à travers ces mondes éloignés et encore inconnus, avec leur Cause Première, c’était avec cette intelligence générale du sujet qui distingue les personnes qui, sans avoir approfondi une branche particulière de connaissances, ont reçu une éducation libérale. Le premier germe avait été déposé dans son esprit par les leçons qu’il avait reçues au collège ; l’étude et la lecture, et surtout ses voyages sur mer l’avaient développé. Son regard intelligent perçait la claire et transparente atmosphère des tropiques pour arriver jusqu’au pied du trône de la puissance invisible et terrible qui avait produit tous ces grands résultats, au milieu desquels notre chétive planète, avec ses révolutions, ses alternatives de froid et de chaleur, ses plaisirs et ses misères, n’est qu’un point imperceptible au milieu de l’univers. Jusqu’alors il avait contemplé ce grand spectacle par curiosité et par amour de la science ; aujourd’hui il y puisait la notion la plus vraie de la sagesse et de la puissance divine, et il comprenait même sa propre position dans l’échelle des êtres créés.

Notre jeune ermite n’en était pas réduit à ses yeux pour étudier les astres. Il y avait à bord deux excellentes lunettes, et lui-même avait acheté sur ses économies un télescope qui, dans la traversée, avait été souvent pour lui une source d’amusement et d’instruction. Ce télescope était monté sur un pivot de cuivre, et il l’établit sur le Sommet. À l’aide de cet instrument, Marc pouvait distinguer les satellites de Jupiter et de Saturne, et la plupart des phénomènes de la lune. Pendant plus d’un mois, Marc passa une grande partie des nuits dans cette muette contemplation. Ce n’était pas qu’il s’attendît à faire des découvertes, ou même à ajouter à son fonds de connaissances ; mais il lui semblait que ses pensées s’élevaient ainsi plus près de son divin Créateur, et là où un zélé mathématicien aurait été ravi de trouver la confirmation de quelque théorie favorite, il voyait la main de Dieu au lieu de la solution d’un problème. Trois fois heureux le savant, s’il pouvait astreindre son génie à ne point