Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/18

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ston en général, en exceptant toutefois Anne qu’il ne confondait pas, disait-il, avec les autres. Marc se conduisit avec une modération admirable. Il n’oublia pas un moment que c’était un vieillard qui lui parlait, et que ce vieillard était le père de Brigitte. Brigitte ! et que lui importait sa fortune ? Savait-il seulement que sa mère lui eût laissé une ferme et des rentes assez considérables ? Ce qu’il aimait en elle, c’était sa franchise, sa douceur, son cœur si tendre et si dévoué ; jamais ses pensées n’avaient été plus loin. Marc écouta le docteur jusqu’au bout, puis quand il fut bien convaincu qu’il prolongerait inutilement sa visite, il saisit vivement son chapeau, et, à la manière brusque dont il sortit, Brigitte fut convaincue qu’il était décidé à ne plus les revoir. Mais telle n’était point l’intention de Marc, comme on le verra par la suite.





CHAPITRE II.


            lady capulet.
Elle n’a pas encor quatorze ans.
            la nourrice.
                                 Sur mon âme,
Que je perde à l’instant quatorze dents, Madame,
— Et je n’en ai que quatre, hélas ! — si cette enfant
A quatorze ans. Voyons ! calculons un instant.

Roméo et Juliette



La Sagesse divine nous commande d’honorer nos père et mère. Des observateurs attentifs croient remarquer qu’en Amérique les parents sont moins honorés que chez les autres nations chrétiennes ; nous disons chrétiennes, car beaucoup de peuples païens, les Chinois, par exemple, vont jusqu’à les adorer, sans doute par suite de quelque association d’idées mystérieuse que nous ne comprenons pas. Nous sommes de cet avis oui, les liens de famille sont plus relâchés en Amérique que presque partout ailleurs, et cela tient aux habitudes nomades des habitants, ainsi qu’au peu de consistance en général des liens qui