Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bois de sandal, et d’emmener ceux qui auraient voulu le suivre ; mais il était comme ensorcelé par ce climat, qui avait tout le charme d’une latitude aussi basse, sans en avoir les inconvénients. Les brises de mer conservaient une fraîcheur qui tempérait l’air même au Récif ; au Pic, dans les mois les plus chauds, rarement on devait cesser le travail en plein midi. Le climat, en somme, ne différait pas beaucoup de celui de la Pensylvanie ; seulement, dans ces îles nouvelles, il n’y avait pas d’hiver. Rien n’exerce plus d’influence sur les hommes qu’un délicieux climat. Tant qu’ils en jouissent, ils n’y sont point aussi sensibles ; mais c’est lorsque cet air pur vient à leur manquer, qu’ils sentent la privation. Tous les voyageurs reconnaissent ce charme du climat, charme bien supérieur aux beautés ordinaires de la nature de même qu’un caractère doux et modeste embellit plus une femme qu’une peau fine, ou des yeux noirs. Les Alpes et les Apennins en fournissent une preuve. Sous le rapport de la hauteur, de la magnificence, de tout ce qui captive, de prime abord, la raison et le goût, les Alpes l’emportent de beaucoup ; mais les Apennins seront toujours préférés par l’homme sensible. Nous sommes frappés d’admiration à la vue de la Suisse, mais nous aimons l’Italie. La différence tient au climat ; transportez les Alpes dans une latitude plus basse, et ces montagnes seront sans pareilles.

Marc Woolston n’avait pas la moindre envie d’abandonner le Cratère et le Pic. Il ne voulait pas non plus les peupler au hasard, et, en formant une société politique, y jeter des germes de dissensions, qui la feraient périr en peu de temps. Au contraire, son désir était de chercher à y maintenir la tranquillité et la bonne harmonie, qui, plus que la force et le nombre, pouvaient lui donner les avantages de la civilisation, et de laisser à la nature le soin d’accroître sa population. C’était cette pensée qui dictait toute la conduite de Woolston. Le lecteur remarquera que le gouverneur n’était pas dominé par cet esprit de commerce, si actif de nos jours, et qu’il préférait le bonheur à la fortune, comme la morale à la puissance.

Parmi les connaissances de Marc se trouvait un jeune homme,