Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/260

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à peu près de son âge, nommé Pennock, qui lui parut être l’homme qu’il lui fallait pour l’accomplissement de son dessein. Pennock s’était marié très-jeune, et était père de trois enfants. Il commençait à sentir les charges d’une famille, et sa situation était des plus précaires. C’était un excellent fermier, élevé dans l’amour du travail, et qu’on avait destiné à une profession libérale. Marc lui raconta son histoire, lui exposa, sous le secret, ses projets tout au long, et lui offrit de l’emmener, lui, sa femme, ses enfants, et deux de ses sœurs qui n’étaient pas mariées. Après avoir pris quelque temps pour y réfléchir, Pennock accepta l’offre aussi cordialement qu’elle lui était faite. À partir de ce moment, le gouverneur remit à John Pennock le soin de choisir le reste des émigrants, ce qui lui permit de terminer ses achats et de disposer tout pour un prochain appareillage. Deux de ses frères, Charles et Abraham Woolston, ayant exprimé le désir de se joindre à la colonie, furent portés sur la liste. Cinq ou six autres postulants furent encore admis directement par le gouverneur, sans l’intervention de Pennock. Tout cela fut fait dans le plus profond secret, Marc désirant, pour plusieurs raisons, ne pas attirer l’attention publique sur sa colonie.

Ces raisons étaient sérieuses. En premier lieu, retenir le monopole d’un commerce qui pouvait être si profitable, était un motif trop évident pour qu’il soit besoin de l’appuyer d’aucun argument. Aussi longtemps que le bois de sandal serait abondant, la colonie battrait monnaie en toute liberté. Mais il était certain que de nombreux compétiteurs se rueraient sur les îles, du moment que l’existence d’une pareille mine de richesses viendrait à être révélée. Alors Marc redoutait la cupidité des gouvernements établis, et leur ambition d’acquérir de nouveaux territoires. Il était impossible de posséder à un meilleur titre que celui auquel Marc occupait ses domaines. Mais que peut le droit contre la force ? Quant à son pays natal, dont en notre temps on proclame si haut la rapacité et l’ambition Marc n’avait nulle crainte de ce côté. De toutes les grandes nations,