Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/307

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et y restèrent jusqu’à ce qu’on eût prévenu le gouverneur qu’elles avaient tout mangé, et que, à moins de les mettre encore à demi-ration, il fallait les changer de pâturages. Il ne fut pas difficile d’en débarrasser Dunks ; du reste, les prairies, dans ce climat, étaient si rarement fauchées que c’était un bien véritable pour elles que la présence des bestiaux. Ceux-ci furent répartis entre les différentes fermes ; les poules et les porcs furent distribués de la même façon, de sorte que chaque colon put avoir une truie et des poulets dans sa basse-cour. Ces espèces se reproduisaient si rapidement qu’on était sûr d’avoir toujours du porc et des œufs au delà des besoins. Le maïs venait à merveille et presque sans culture.

Lorsqu’on eut fait tous les préparatifs nécessaires, les bâtiments mirent à la voile pour le Récif. On juge si les amis et les parents qui se retrouvaient dans ces lointains parages furent charmés de se revoir. Ceux qui arrivaient avaient beaucoup de choses à dire à ceux qui les avaient précédés de dix-huit mois ; et ceux-ci, qui se considéraient comme de vieux colons, ne pouvaient se lasser d’entretenir les nouveaux venus des merveilles de leur colonie.


CHAPITRE XXIV.


Tes replis enlaçant les vagues écumantes,
Tu glisses, en sifflant, sur les eaux blanchissantes ;
Le dard prêt, l’œil en feu, tu te dresses : d’un bond
Tu plonges, disputant aux monstres invisibles
Les abîmes sans fond !
BrainardLe Serpent de mer.



Les cargaisons des bâtiments qui arrivaient au Récif étaient partagées entre le gouverneur et l’État. Le gouverneur en recevait la moitié pour lui-même, en sa qualité de propriétaire du Rancocus, cause première de l’existence de la colonie ; l’État