Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/42

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pour une longue traversée, on roule les câbles et on les descend en bas, pour qu’ils ne gênent point les manœuvres, tandis qu’en même temps on rentre les ancres ; c’est-à-dire qu’au lieu de les laisser sous les bossoirs, où ils sont ordinairement suspendus, tout prêts à servir, on les place dans l’intérieur du bâtiment, pour qu’ils soient plus en sûreté et à l’abri des fortes lames. On voit d’après cela que le travail que Marc et Bob entreprenaient, avait de quoi les occuper pendant plusieurs heures.





CHAPITRE IV.


Une grotte en corail se cache au sein de l’onde.
Le mulet, la dorade au corsage vermeil
Viennent s’y reposer au lever du soleil ;
Et la fleur de la mer, par le vent balancée,
   Sans jamais être humide de rosée
Entr’ouvre avec orgueil son beau calice bleu.

Percival



Notre jeune marin, et son seul aide, Bob Betts, s’étaient mis à l’œuvre pour disposer le câble et l’ancre de touée, le plus léger et le plus maniable de tous les apparaux du bâtiment. Tous deux étaient forts et agiles, et ils savaient manier les leviers, les poulies, les anspecs ; et cependant le jour allait paraître que le résultat de leurs efforts réunis n’avait pu être que d’élever l’ancre à la hauteur du plat-bord, toute prête à être bossée. Pendant ce temps, le Rancocus continuait à éviter dans la bonne direction ; il ne faisait plus qu’une simple brise, et la mer s’était calmée au point de laisser le bâtiment presque sans impulsion. Dès que Marc se fut assuré de cet état favorable des éléments, état qui semblait devoir durer, il dit à Bob d’interrompre son travail. Il était bien temps ; car des fatigues si continues avaient complétement épuisé leurs forces.

On se figure aisément avec quelle impatience ils attendaient le jour. Chaque minute leur paraissait une heure, et il leur semblait que la nuit ne finirait jamais. Enfin la terre accomplit sa