Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/181

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sait déjà parfaitement leur caractère. Quand ils eurent jeté l’ancre dans la petite anse dont nous avons déjà parlé, il résolut de faire une reconnaissance pour s’assurer si les individus dont il s’agissait de s’emparer devaient toujours se réunir le lendemain au rendez-vous qui avait été indiqué pour une partie de chasse. Il ne voulut prendre avec lui que Griffith et Manuel, laissant Barnstable sur le schooner qu’il commandait, pour y attendre leur retour et couvrir leur retraite.

Il fallut plus d’un raisonnement et même l’autorité de son officier supérieur pour déterminer Barnstable à consentir à cet arrangement ; mais comme son bon sens lui disait qu’il ne fallait rien hasarder sans nécessité jusqu’à ce que le moment de frapper le coup décisif fût arrivé, il finit par s’y résigner ; il eut grand soin de recommander à Griffith de ne pas manquer de comprendre l’abbaye de Sainte-Ruth dans la reconnaissance qu’il allait faire. Griffith n’avait garde de l’oublier, et ce fut le désir qu’il avait de se conformer à cette injonction qui fit qu’il obtint de ses compagnons de se détourner un peu du chemin direct qu’ils auraient dû suivre, ce qui amena les conséquences que nous avons déjà rapportées.

La reconnaissance devant se faire dans le cours de la nuit, il avait été convenu que Barnstable se rendrait, à la pointe du jour, avec sa barque, aussi près du rivage qu’il le pourrait, du côté de l’abbaye, pour avoir une entrevue avec ses compagnons, et apprendre d’eux quelles mesures ils auraient définitivement adoptées pour se rendre maîtres de ceux qu’ils cherchaient ; car c’était dans la soirée suivante que le pilote comptait surprendre les personnes qu’il voulait arrêter dans le moment où les plaisirs de la table auraient succédé à ceux de la chasse. Cependant, si le pilote et ses compagnons ne reparaissaient pas à l’heure indiquée, les instructions de Barnstable étaient de retourner sur son schooner stationné dans une anse peu fréquentée, et cachée de toutes parts par des rochers escarpés.

Pendant que le cornette Fitzgerald avait les yeux fixés sur la barque que Dillon avait aperçue le premier, et qui attendait en effet le pilote, l’heure où celui-ci devait être de retour était expirée, et Barnstable, quoique fort à regret, crut devoir obéir à la lettre à ses instructions, et se fier à l’adresse et à la sagacité de Griffith et de ses compagnons pour rejoindre l’Ariel. Depuis le