Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/142

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comte, et j’envoyai Tom demander à M. Daniels s’il ne pourrait pas me prendre une couple de domestiques.

— Et Tom revint-il avec ses deux oreilles ?

— Oui, monsieur John, le pot qu’on lui a jeté n’a fait que lui raser la tête ; mais si jamais !…

— Allons ! allons ! dit le baronnet désirant mettre fin à cette conversation, vous avez été assez heureux pour montrer de la générosité ; je vous conseille de vivre en bonne intelligence avec votre voisin, si vous ne voulez pas que je vous fasse perdre vos nobles hôtes, en retirant mes armes. Voyez si ma chambre est prête.

— Oui, Votre Honneur, dit Jackson ; et, saluant respectueusement, il se retira.

— Au moins, ma tante, dit John d’un ton plaisant, nous avons le plaisir de souper dans la même chambre que le noble comte : et c’est toujours quelque chose, quoique ce soit à vingt quatre heures de distance.

— J’aurais bien désiré que ce fût le même jour, dit le baronnet en pressant avec affection la main de sa sœur.

— L’arrivée de pareils hôtes a dû être d’un grand profit pour Jackson, dit lady Moseley ; et ils se séparèrent pour la nuit.

Le lendemain, tous les domestiques de de Benfield-Lodge étaient rangés en haie dans le grand vestibule, pour recevoir convenablement sir Edward et sa famille. Au milieu d’eux se faisait remarquer la taille droite et élancée de leur maître, ayant à sa droite l’honnête Peter Johnson, qui eût pu disputer, même à M. Benfield, le prix de la maigreur.

— Sir Edward et milady Moseley, dit le vieux gentilhomme, lorsqu’ils arrivèrent près de lui, c’était l’usage dans ma jeunesse (et cette coutume était invariablement suivie par les personnes d’une haute noblesse, telles que lord Gosford… et… et… sa sœur, lady Juliana Dayton), c’était l’usage, dis-je, de recevoir ses hôtes du haut du perron de son château ; et conformément… Ah ! chère Emmy, s’écria le bon vieillard en la pressant dans ses bras avec tendresse, et oubliant le discours qu’il avait préparé, à la vue de sa nièce chérie, vous avez échappé à la mort ; que Dieu en soit béni !… Là, que faites-vous donc ?… laissez-moi respirer… laissez-moi respirer. Et, voulant tâcher de reprendre son empire sur lui-même, il se tourna vers John : — Ainsi donc, jeune homme,