Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/363

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bu la moitié de ce qu’il contenait, il se recueillit un moment, et le remplissant de nouveau jusqu’au bord, en souriant de son oubli, il reprit : — Et du révérend docteur Yves.

Pour le coup il fut interrompu par un bruyant éclat de rire que John retenait depuis longtemps ; et, après s’être assuré qu’il ne lui restait personne à nommer, il vida son verre d’un seul trait. Soit qu’il fût content de son éloquence, ou qu’il se félicitât d’être sorti à son honneur d’un aussi long discours, l’intendant paraissait très-satisfait de lui-même, et il se retira derrière le fauteuil de son maître d’un air rayonnant.

Émilie se retourna pour le remercier, et elle remarqua, avec autant d’attendrissement que de reconnaissance, qu’une larme brillait dans les yeux du vieillard. Cette preuve d’affection aurait fait pardonner mille infractions à une étiquette puérile et minutieuse.

Pendennyss se leva, et, lui prenant la main, il le remercia aussi de ses bons souhaits.

— Je vous dois beaucoup, monsieur Johnson, pour les deux voyages que vous avez entrepris pour moi, et croyez que je n’oublierai jamais la manière dont vous vous êtes acquitté de votre dernière mission. J’espère que nous sommes amis pour la vie.

— Oh ! c’est trop de bonté… Votre Honneur m’accable, dit Peter pouvant à peine articuler une parole. J’espère que vous vivrez longtemps, pour rendre la chère miss Emmy aussi heureuse… aussi heureuse qu’elle mérite de l’être.

— Mais réellement, Milord, dit John, remarquent que l’attachement du bon intendant touchait Émilie jusqu’aux larmes, et désirant faire diversion à une scène qui commençait à devenir trop attendrissante, n’est-il pas bien singulier qu’en descendant de diligence, les quatre voyageurs se soient rencontrés à votre hôtel ? Et il expliqua ce qu’il voulait dire au reste de la compagnie.

— Pas autant que vous pourriez le croire, répondit Pendennyss : vous et Johnson vous me cherchiez ; lord Henry Stappleton s’était engagé à me joindre le même soir à l’hôtel, pour me conduire à la noce de sa sœur ; tous nos arrangements étaient pris par lettres, et le général Maccarthy me cherchait aussi pour des affaires relatives à sa nièce, dona Julia. Il avait été à Annerdale-House, et mes domestiques lui avaient dit que j’étais à l’hôtel. Cette première visite ne fut pas tout à fait aussi amicale que