Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/366

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à croire qu’un tête-à-tête avec M. Benfield serait l’unique plaisir qu’il devait espérer de toute la matinée.

Bientôt Grace rentra, et la curiosité de John fut satisfaite. Il apprit avec la joie la plus vive que la noce d’Émilie était fixée à la semaine suivante.

Pendant l’entrevue qui venait d’avoir lieu, lady Marianne, témoin des transports que les deux amants faisaient éclater, assura à sir Edward que son frère lui paraissait si changé, qu’elle pouvait croire à peine que le jeune homme qu’elle voyait ivre d’amour et de bonheur fût celui qu’elle avait trouvé si triste et si taciturne pendant le temps qu’elle avait passé avec lui dans le pays de Galles.

Un exprès fut envoyé au docteur Yves et à leurs amis de B***, pour les engager à venir assister à la noce d’Émilie, et lady Moseley, au comble de la joie, commença tous les préparatifs nécessaires, heureuse de pouvoir enfin s’abandonner librement à son goût pour le luxe et la magnificence.

En pensant à la grande fortune de Pendennyss, M. Benfield était contrarié de ne pouvoir contribuer en aucune manière au bonheur d’Émilie.

Cependant, grâce aux combinaisons savantes de Peter et de son maître, un quinzième codicille fut ajouté au testament de ce dernier, portant qu’il désirait que le second fils qui naîtrait du mariage de Pendennyss et d’Émilie fût appelé Roderick Benfield Denbigh, et qu’il lui léguait vingt mille livres sterling en qualité de parrain.

— Et j’ose dire que ce sera un charmant enfant, dit Peter en remettant le testament dans la case où il reposait depuis bien des années. Je ne crois pas, Votre Honneur, avoir jamais vu un plus beau couple, excepté….. L’imagination de Peter lui représentait dans ce moment le contraste agréable que sa taille svelte et élancée eût pu faire avec la tournure rondelette de Patty Steele.

— Oui, ils sont aussi beaux qu’ils sont bons, répondit son maître. Je me rappelle que, lorsque le président du parlement épousa sa troisième femme, le monde disait : — C’est le plus beau couple de la cour. Mais mon Emmy et le comte sont encore bien mieux. Oh ! Peter Johnson, ils sont jeunes, ils sont riches, ils s’aiment tendrement ; mais après tout, à quoi cela leur servirait-il sans la bonté ?