Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/384

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miss Moseley, tout cela n’était que des moyens préparés pour en venir à ses fins, et il croyait réussir plus sûrement auprès de Julia, en attaquant son cœur et son amour-propre. Pendant l’espèce de lutte qui s’établit entre eux, tandis qu’il tâchait de l’empêcher de tirer le cordon de la sonnette, le portefeuille de Denbigh tomba de sa poche, et il fut forcé de s’enfuir si précipitamment qu’il ne s’en aperçut pas.

Mrs Fitzgerald était trop alarmée pour le remarquer dans le premier moment, et Egerton se rendit au bal avec l’indifférence d’un criminel endurci. Les propos de M. Holt, sa conversation avec sir Edward, le convainquirent que bientôt il allait être démasqué. Sa passion pour le jeu n’était déjà plus un mystère ; il lui serait impossible de fournir au baronnet les éclaircissements qu’il lui avait promis ; il ne lui restait qu’un parti à prendre pour sortir de cette position difficile : c’était de tenter un coup de main. Miss Jarvis s’était prise d’une belle passion pour lui ; elle avait une tête ardente et romanesque, il ne lui serait pas difficile de la faire entrer dans ses projets. Il n’avait pas un instant à perdre ; il fallait brusquer la déclaration, tenter un enlèvement, sauf ensuite à apaiser le courroux des parents… Nos lecteurs ont déjà vu que tout ne lui réussit que trop bien.

La blessure d’Egerton était mortelle. Peu de jours après l’entretien qu’il avait désiré avoir avec le comte de Pendennyss, pour lui ouvrir toute son âme, il expira dans la même cabane où le comte l’avait trouvé ; heureux si son repentir tardif a pu expier ses fautes et lui mériter le pardon de celui qu’il avait offensé tant de fois pendant sa vie !





CHAPITRE L.


Le dénouement doit être un mariage.
Thomas Brown.


Les riantes et fertiles vallées de Pendennyss étaient couvertes des plus belles moissons, et le laboureur content, après avoir contemplé les richesses que lui prodiguait la nature, jetait un re-