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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/60

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de la voiture ; et l’instant d’après elle était dans les bras de Clara.

Les deux sœurs se tinrent étroitement embrassées pendant quelques minutes ; enfin Émilie leva ses yeux humides de pleurs, et la première personne qu’elle aperçut fut Denbigh, qui se tenait discrètement à l’écart pour ne point gêner les doux épanchements d’une amitié qui se fût contrainte devant un tiers.

Jane et sa tante, suivies de miss Chatterton, entrèrent alors, et Clara reçut successivement les félicitations de ses amis.

Pendant ce temps les personnes de la seconde voiture étaient descendues ; c’étaient le baronnet et son épouse, M. Benfield et lady Chatterton. Clara courut à la porte pour les recevoir, la figure rayonnante de joie et son bras passé sous celui d’Émilie.

— Je vous félicite, Mrs Francis… Lady Moseley oublia le compliment qu’elle avait préparé, et fondant en larmes, elle la pressa tendrement sur son sein.

— Clara, ma chère enfant ! lui dit le baronnet en s’essuyant les yeux et en l’embrassant à son tour. Puis, serrant la main de Francis, il entra dans le salon.

— Mais, en vérité, vous êtes fort bien logée, dit la douairière après avoir embrassé sa cousine ; un jardin, des serres chaudes… tout cela est à merveille, et sir Edward dit que la cure rapporte cinq cents livres sterling.

— Eh bien ! mon enfant, il vous revient un baiser, n’est-ce pas ? dit M. Benfield en montant lentement les marches du vestibule. C’est l’ancien usage, et j’y tiens. On ne s’embrasse plus guère aujourd’hui, mais autrefois… Je me rappelle qu’au mariage de mon ami, lord Gosford, en l’an 58, toutes les demoiselles, toutes, jusqu’aux bonnes et aux femmes de chambre, furent embrassées chacune à leur tour. Lady Juliana était toute jeune alors… tout au plus quinze ans… ce fut là que je l’embrassai pour la première fois. Allons, venez m’embrasser, mon enfant. Et il continua en se dirigeant vers la salle : — Le mariage était alors une affaire très-sérieuse ; c’était une grande privauté que de voir seulement la main d’une dame, et plus d’une fois… Eh ! qui est là ? dit-il en s’arrêtant tout court, et en regardant fixe Denbigh, qui dans ce moment s’approchait d’eux.

— C’est M. Denbigh, Monsieur, dit Clara ; et elle ajouta en se tournant vers Denbigh : — Je vous présente mon oncle, M. Benfield.