Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/131

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ne cessait de jeter de longs regards sur les fenêtres toujours fermées de la Cour des Fées.

— Ta mère t’a gâté, jeune Oloff ; à moins que le café ne soit servi par une jolie main, il perd de sa saveur. Je comprends ce que tu veux dire, et je n’en pense pas plus mal de toi pour cette faiblesse naturelle à ton âge. Célibat et indépendance ! un homme doit aller au-delà de quarante ans avant qu’il soit sûr d’être son propre maître. Venez ici, maître François. Il est temps que ma nièce secoue sa paresse, et montre son brillant visage au soleil. Nous attendrons ses services à table. On ne voit pas davantage la fainéante Dinah que sa maîtresse.

— Mademoiselle Dinah n’a jamais été trop active, répondit le valet ; mais, monsieur l’alderman, elles sont jeunes toutes les deux, et le sommeil est bien nécessaire à la jeunesse.

— Elle n’est plus au berceau, François, et il est temps de frapper à sa fenêtre. Quant à l’effrontée négresse, qui devrait être depuis longtemps à son devoir, nous aurons un compte à terminer ensemble. Venez, patron, l’appétit ne se règle pas sur les fantaisies d’une jeune fille obstinée. Mettons-nous à table… Penses-tu que le vent restera à l’ouest ce matin ?

En parlant ainsi, l’alderman montra le chemin d’un petit parloir où les attendait un repas servi avec une élégante simplicité. Il fut suivi lentement par Oloff van Staats, car le jeune homme éprouvait réellement le désir de voir les fenêtres du pavillon s’ouvrir et le joli visage d’Alida sourire au milieu des autres beautés de la scène. François se prépara à prendre ses mesures pour éveiller sa maîtresse, de manière à faire cadrer son devoir envers l’alderman et ses propres idées sur la bienséance. Après quelque délai, le bourgeois et son hôte se mirent à table, le premier protestant hautement contre la nécessité d’attendre les paresseux, et jetant par la même occasion quelques principes moraux relatifs au mérite de la ponctualité dans l’économie domestique aussi bien que dans les affaires de commerce.

— Les anciens divisaient le temps, dit l’obstiné commentateur, en années, en mois, en semaines, jours, heures, minutes et moments, comme ils divisaient les nombres en unités, dizaines, centaines, mille, dizaines de mille, et ce n’était pas sans but. Par exemple, monsieur van Staats, si nous employons bien les moments, nous changeons les minutes en dizaines, les heures en