Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/142

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suite. Cela fut en effet le sujet de quelques conversations entre ma nièce et moi.

— Cette admiration me porta à visiter votre villa la nuit dernière !

— Ce fait est trop réel, mon jeune monsieur.

— D’où j’emmenai… Ludlow hésita comme s’il devait choisir ses paroles…

— Alida de Barberie.

— Alida de Barberie !

— Eh ! Monsieur, ma nièce, ou peut-être je devrais dire mon héritière et celle du vieux Étienne de Barberie. Votre croisière fut courte, capitaine Ludlow, mais la prise est considérable… à moins, cependant, qu’un droit aux privilèges de neutres ne soit établi en faveur d’une partie de la cargaison !

— Votre plaisanterie est fort bonne, Monsieur, mais je ne suis point en humeur de m’en amuser. Je conviens que j’ai visité la Cour des Fées, et j’espère que dans les circonstances présentes, la belle Barberie ne sera point offensée que je le reconnaisse.

— Si elle s’en offense, l’étourdie sera d’une rare délicatesse, après ce qui s’est passé !

— Je ne prétends point juger ce qui est au-delà de mes attributions. Le désir de servir ma royale maîtresse, monsieur van Beverout, m’a porté à engager un marin d’une tournure originale et d’une audace étonnante à entrer sur la Coquette. Vous vous rappellerez cet homme, lorsque je vous dirai qu’il était votre compagnon dans le bac de l’île.

— Oui, oui, j’avoue qu’il y avait un marin au long cours qui me causa un peu de crainte, ainsi qu’à ma nièce et à van Staats de Kinderhook.

Ludlow sourit comme quelqu’un qui ne peut être trompé, et continua :

— Eh bien ! Monsieur, cet homme, sous prétexte d’une promesse à moitié extorquée, me pria de le laisser venir à terre… Nous vînmes sur la rivière ensemble, et nous entrâmes sur vos terres dans la compagnie l’un de l’autre.

L’alderman van Beverout commença à écouter, comme un homme qui craint et qui désire recueillir chaque syllabe. Observant que Ludlow s’arrêtait pour l’examiner plus attentivement,