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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/152

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qu’un qui porte la livrée de la reine Anne. Nous n’aimons pas les serviteurs de Sa Majesté, et n’avons aucune envie de faire de mauvaises connaissances.

Ludlow se mordit les lèvres, et tâcha de réprimer sa colère en écoutant le langage impertinent d’un homme qui l’avait déjà traité avec si peu de cérémonie ; puis, oubliant cette résolution pour l’honneur de sa profession, et peut-être il faut ajouter par l’habitude du commandement, il interrompit le dialogue.

— Si vous voyez la livrée de l’autorité royale, dit-il fièrement, vous pouvez être convaincu qu’elle est portée par un officier qui sait faire respecter ses droits. Je demande le nom et le caractère de ce brigantin.

— Quant à son caractère ou à sa réputation, elle est peut-être un peu équivoque ; quelques envieux même disent qu’elle est à peu près perdue. Mais nous sommes de braves marins, qui ajoutons peu de foi aux mauvais rapports faits sur le compte de notre maîtresse. Quant à son nom, nous répondons à tous ceux qu’on lui donne, quand ils nous conviennent. Appelez-nous, l’Honnêteté, si vous voulez, vu le manque de registres.

— Il existe des raisons de soupçonner votre vaisseau de pratiques illégales, et, au nom de la reine, je demande à voir vos papiers et la liberté d’examiner votre cargaison et votre équipage, ou bien je serai dans la nécessité de diriger contre vous les canons du croiseur qui est là-bas à l’ancre, et qui n’attend que des ordres.

— On n’a pas besoin d’être savant pour lire nos documents, capitaine Ludlow ; ils sont écrits par une quille légère sur les vagues, et ceux qui suivent notre sillage peuvent deviner leur autorité. Si vous souhaitez d’examiner notre cargaison, il faut faire attention aux manchettes, aux tabliers, aux négligés et aux pièces d’estomac de la femme du gouverneur, au premier bal qui aura lieu dans le fort, ou examiner avec soin les robes qui recouvrent les paniers de la femme et des filles de votre juge de l’amirauté ! Nous ne sommes pas marchands de fromage, pour briser les os des jambes d’un officier de marine parmi les caisses et les pots de beurre.

— Votre brigantin a un nom, coquin, et, de par l’autorité de la reine, je demande à le savoir.

— Le ciel nous préserve de disputer sur les droits de la reine !