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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/160

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ne pourraient parvenir à nous convaincre de fraude. Voilà du fer pour tenir la dame sur ses pieds, de l’eau et du rhum de la Jamaïque, et les vins de la vieille Espagne et des Îles pour réjouir le cœur et désaltérer le gosier des matelots qui sont sous le pont, mais il n’y a rien de plus. Nous avons des magasins pour la table et pour la brise, au-delà de cette cloison ; et au-dessous de vous, voilà des compartiments qui sont…………… vides ! voyez, un d’entre eux est ouvert ; il est aussi net que le tiroir du bureau d’une dame. Ce n’est point une place pour vos eaux fortes de Hollande ou pour les peaux grossières de vos marchands de tabac. Celui qui veut suivre à la piste la cargaison de la Sorcière des eaux, doit poursuivre les beautés dans leurs satins et les prêtres avec leur robe et leur rabat. Il y aurait bien des lamentations dans l’Église, et plus d’un évêque aurait le cœur serré, s’il apprenait qu’il est arrivé malheur à notre bâtiment.

— Il faut mettre un terme à cet audacieux badinage, dit Ludlow, et ce temps peut être plus près que vous ne le pensez.

— Dans l’orgueil de chaque matinée, je vois dans les pages du livre de la dame, car nous en avons aussi un à bord, que lorsqu’elle nous jouera un mauvais tour, elle sera du moins assez polie pour nous donner un avertissement. Les devises changent souvent, mais ses paroles sont toujours vraies. Il est difficile d’atteindre le brouillard qu’emporte la brise, capitaine Ludlow, et il faut qu’il tienne bien vent lui-même, celui qui veut être longtemps dans notre compagnie.

— Plus d’un marin fanfaron a été attrapé. La brise qui est favorable pour le vaisseau dont le fret est léger, et celle qui est bonne pour le bâtiment dont la quille est profonde, sont différentes. Nous pouvons vivre assez pour apprendre ce qu’un mât vigoureux, un bras long et une carène solide peuvent faire.

— Que la dame à l’œil hagard et au sourire marin me protège ! J’ai vu la Sorcière enfoncée dans l’eau salée, et les vagues brillantes dégoutter de ses tresses comme des étoiles d’argent, mais je n’ai jamais lu un mensonge dans ces pages. Il y a une heureuse intelligence entre elle et quelques personnes à bord ; et croyez-moi, elle connaît trop bien les sentiers de l’Océan pour prendre une mauvaise route. Mais nous bavardons comme des marins d’eau douce. Voulez-vous voir l’Écumeur de Mer ?

— C’est l’objet de notre visite, répondit Ludlow, dont le cœur