Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/179

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sont insensibles aux impressions moins puissantes, comme des hommes à tête forte trouvent du plaisir dans les liqueurs spiritueuses. Le patron appartenait à la classe des esprits lourds, et par conséquent il trouvait un plaisir secret, mais profond, dans sa situation présente.

— Nous ne savons pas quels résultats importants nous pouvons tirer de cette aventure, monsieur l’alderman van Beverout, répondit Oloff van Staats, et j’avoue que j’éprouve le désir d’en voir et d’en entendre davantage avant que nous n’atteignions la terre. Cet Écumeur des mers est un homme bien différent de celui que les bruits de notre ville font supposer, et en restant nous pourrons servir à rectifier l’opinion publique. J’ai entendu ma défunte et respectable tante…

— Coins du feu et traditions ! la bonne dame n’était pas une mauvaise pratique pour ces sortes de gens, patron, et il est heureux qu’ils n’aient pas attrapé une meilleure partie de votre héritage, comme récompense. Vous voyez le Lust-in-Rust contre la montagne ; en bien ! tout ce qui est pour le public est à l’extérieur, et tout ce qui s’y passe pour ma propre satisfaction se fait derrière les portes. Mais voilà le capitaine Ludlow qui est chargé des affaires de la reine, et ce gentilhomme peut penser qu’il n’est pas loyal de perdre ainsi le temps dans ces jongleries.

— J’avoue que j’éprouve aussi le désir de voir comment tout cela se terminera, répondit sèchement le commandant de la Coquette. L’état du vent ne permet pas aux deux bâtiments de changer de position, et pourquoi ne pas avoir une connaissance plus exacte du caractère de ceux qui appartiennent à ce vaisseau extraordinaire ?

— Ah ! voilà ! murmura l’alderman entre ses dents ; cette curiosité conduit à tous les embarras de la vie. On n’est jamais sûr de rien avec ces fantaisies qui se jouent du mystère, comme une mouche étourdie vole autour d’une chandelle jusqu’à ce qu’elle y laisse ses ailes.

Néanmoins, comme ses compagnons paraissaient disposés à rester, il n’y avait pour le bourgeois d’autre alternative que la patience. Quoique la crainte d’être compromis par quelque indiscrétion fût le sentiment le plus puissant de son cœur, il n’était pas entièrement dépourvu de la faiblesse qui portait Oloff van Staats à regarder et à écouter avec un intérêt mêlé d’un secret