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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/24

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— La fraîche Alida est-elle soumise ? Croyez-moi, il n’y a eu aucun événement, dans n’importe quelle famille, auquel j’aie pris autant d’intérêt qu’à cette union désirable. Le mariage du jeune patron de Kinderhook est un événement qui doit intéresser toute la province. C’est un garçon de mérite.

— Avec un beau domaine, Milord.

— Et une sagesse au-dessus de ses années.

— Je parierais sans crainte que les deux tiers de son revenu vont augmenter le capital au commencement de chaque saison.

— C’est un homme qui semble vivre d’air.

— Mon vieil ami, le défunt patron, a laissé de belles terres, continua l’alderman, en se frottant les mains, outre le manoir.

— Et ce n’est pas un enclos.

— Ses propriétés s’étendent depuis l’Hudson jusqu’à la ligne des Massachusetts. Cent mille acres de terres, en montagnes et en plaines, et bien peuplées par des Hollandais pleins de frugalité.

— Respectable par ses possessions, et une mine d’or pour son héritage. De tels hommes, Monsieur, doivent être chéris, et nous lui devons de ne point l’oublier dans nos projets de détromper la reine. Combien ses droits sont supérieurs aux prétentions, que rien ne justifie, de ce capitaine Ludlow !

— Il a réellement un beau domaine, et qui s’améliore tous les jours !

— Ces Ludlow, des gens qui ont quitté le royaume pour avoir conspiré contre la couronne ! Cette pensée indigne un sujet loyal. En vérité, bien des reproches semblables pourraient être adressés aux habitants de cette province, d’origine anglaise. Je suis fâché de dire que ce sont des fomentateurs de discorde, des corrupteurs de l’esprit public, disputant les prérogatives et les charges. Mais il y a dans le caractère hollandais un calme plein de justice ! Les descendants des Hollandais sont des hommes sur lesquels on peut compter ; où nous les laisserons aujourd’hui nous les retrouverons demain, ou, comme nous disons, politiquement parlant, nous savons où les retrouver. Ne vous semble-t-il pas étonnant que ce capitaine Ludlow commande le seul croiseur en station ?

— J’aimerais mieux, Milord, qu’il servît en Europe, répondit l’alderman, en regardant derrière lui et en baissant la voix. On disait dernièrement que son vaisseau allait être envoyé aux îles.

— Les affaires vont bien mal, mon digne Monsieur, et la néces-