Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/271

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— Et la croyance flatteuse que notre coucher du soleil rivalise avec celui d’Italie, est une illusion ?

— Il n’en est pas ainsi, Madame, ils rivalisent entre eux sans se ressembler. La couleur de l’étui sur lequel s’appuie une aussi belle main, n’est pas plus douce que les nuances des cieux d’Italie. Mais si vos nuages du soir n’ont pas cette transparence de la perle, cette teinte rosée et douce, qui à cette heure se confondent sur l’immense voûte qui s’étend sur Naples, ils ont bien plus d’éclat dans la chaleur de leurs tons, dans leurs transitions subites et dans la richesse de leurs couleurs. Ceux-là sont plus délicats, ceux-ci plus magnifiques ! Lorsqu’il s’élèvera moins de vapeurs du sein de vos forêts, les mêmes causes pourront produire les mêmes effets. Jusque-là, l’Amérique doit être satisfaite de posséder des beautés d’une nature plus nouvelle et à peine moins agréable.

— Alors ceux qui nous arrivent d’Europe n’ont raison qu’à moitié, lorsqu’ils se moquent de nos prétentions à l’égard de notre baie et de notre ciel..

— Ils sont plus près de la vérité qu’ils n’ont l’habitude de l’être au sujet de ce continent. Parlez des nombreuses rivières, de la double issue, des bassins sans nombre, et des facilités sans égales de votre hâvre de Manhattan, qui avec le temps rendront vaines toutes les beautés de la baie de Naples. Mais n’espérez pas que l’étranger pousse la comparaison plus loin. Soyez reconnaissante de vos nuages, Madame ; peu de nations vivent sous un ciel plus beau et plus bienfaisant. Mais je vous fatigue de mes opinions, quand voilà des couleurs qui ont plus de charmes pour une imagination jeune et vive que les nuances de la nature elle-même.

La belle Alida sourit au contrebandier avec une expression qui déchira le cœur de Ludlow, et elle allait répondre, lorsque la voix de son oncle se fit entendre.