Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/307

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eu une petite dispute entre moi et le premier lieutenant, capitaine Ludlow, relativement au vaisseau. Il soutient que nous sommes trop en avant de ce qu’il appelle le centre de gravité, et prétend que si nous avions été moins en avant, le contrebandier ne nous aurait jamais dépassé pendant la chasse. J’invite donc tout matelot à maintenir un bâtiment sur la ligne d’eau.

— Montrez notre lumière ! interrompit Ludlow, voilà le signal du launch !

Trysail cessa de parler, et passant par-dessus un canon, il regarda aussi dans la direction du Cove. Une lanterne ou quelque autre objet brillant se montra lentement par trois fois et se déroba autant de fois à la vue. Le signal venait de dessous, et d’un côté qui ne laissait aucun doute.

— Jusque-là, c’est bien, dit le capitaine en quittant sa place et se tournant pour la première fois sans distraction vers son officier. C’est un signe qu’ils sont dans le passage et que le largue est libre. Je crois, maître Trysail, que nous sommes maintenant sûrs de notre prise. Examinez soigneusement l’horizon avec la lunette de nuit, et nous en finirons avec le hardi brigantin.

Tous les deux prirent des lunettes et passèrent plusieurs minutes à cette occupation. Un examen minutieux des bords de la mer depuis les côtes de New-Jersey jusqu’à celles de Long-Island, leur donna raison de croire qu’aucun objet ne paraissait à l’extérieur du cap. Le ciel était plus dégagé de nuages vers l’est que près des côtes, et il n’était pas difficile de s’assurer de ce point important. Cela leur donna l’assurance que la Sorcière des Eaux ne s’était point échappée par le passage secret pendant le temps qu’ils avaient perdu en préparatifs.

— C’est toujours bien, continua Ludlow. Maintenant il ne peut pas nous éviter. Montez le triangle.

Trois lumières disposées dans la forme que nous venons d’indiquer furent hissées au beaupré de la Coquette. C’était l’ordre d’avancer pour les bateaux qui étaient dans le Cove. Le launch répondit promptement à ce signal, et l’on vit partir une petite fusée au-dessus des arbres et des bosquets de la côte. Tous ceux qui étaient à bord de la Coquette écoutèrent attentivement, afin de recueillir quelques sons qui annonçassent le tumulte d’un assaut. Une fois, Ludlow et Trysail pensèrent que les acclamations des matelots étaient apportées par l’air épais de la nuit, et