Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/311

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la baie où il n’y avait pas assez d’eau pour un vaisseau de gros calibre. Ses mouvements décelaient une grande prudence, mais en même temps un désir évident de s’approcher aussi près du croiseur que la prudence pouvait le permettre. Prenant un porte-voix, il héla de la manière bien connue et habituelle.

La réponse perça faiblement contre le courant d’air, mais elle fut prononcée avec une grande pratique et une mesure parfaite de la voix.

— Eh ! eh ! un parlementaire du brigantin ! furent les seuls mots qu’on pût distinguer.

Pendant une minute ou deux, le jeune homme parcourut le tillac en silence ; puis il commanda subitement que le seul et dernier bateau qu’eût alors le croiseur fût mis à la mer.

— Jetez un signal dans les voiles de la poupe, dit-il quand ses ordres furent exécutés, et qu’il y ait des armes en dessous ! Nous voulons observer la bonne foi, tant que la bonne foi sera observée ; mais, il y a des raisons pour être prudents pendant cette entrevue.

Trysail reçut l’ordre de tenir le vaisseau stationnaire, et après avoir donné en secret à son subordonné ces instructions importantes, en cas de trahison, Ludlow commanda le bateau en personne. Peu de minutes suffirent pour amener le petit canot et le bateau étranger si près l’un de l’autre, que les moyens de communication étaient aussi faciles que sûrs. Les marins du premier reçurent l’ordre de cesser de ramer ; et, levant sa lunette, le commandant du croiseur prit une connaissance plus certaine de ceux qui attendaient son arrivée. Le bateau étranger dansait sur les vagues, comme une frêle coquille qui flotte assez légèrement sur l’onde pour toucher à peine l’élément qui la soutient, tandis que quatre marins athlétiques s’appuyaient sur les avirons, qui étaient placés de manière à le faire rapidement avancer au besoin. Près de la poupe, on voyait une figure qu’on pouvait facilement distinguer à son attitude et à son maintien. À son calme admirable, à ses bras croisés, à ses traits mâles et réguliers, à son costume, Ludlow reconnut le marin au châle des Indes. Un salut de la main l’engagea à s’aventurer plus près.

— Que demande-t-on au royal croiseur ? dit le capitaine, lorsque les deux bateaux se furent approchés l’un de l’autre.

— De la confiance, répondit le marin avec calme. Approchez-