Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/358

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délibéré son habit sur le cabestan, assujettit sa perruque à l’aide d’un mouchoir, attacha la boucle qui faisait l’office de suspensoir, et se promena le long des canons avec un air qui pouvait du moins assurer le spectateur qu’il ne craignait pas le danger.

L’alderman van Beverout était un personnage beaucoup trop important pour n’être pas connu de la plupart de ceux qui fréquentaient la bonne ville dont il était officier civil. Sa présence parmi des hommes presque tous natifs de la colonie produisit donc un effet salutaire ; quelques-uns cédèrent à la sympathie que fait éprouver un courageux exemple, et il est possible que quelques autres pensassent que le danger était moins grand, en voyant l’indifférence d’un homme qui, étant si riche, avait tant de motifs de prendre soin de sa personne. Quelle qu’en soit la raison, le bourgeois fut reçu par les matelots avec acclamations, ce qui l’engagea à leur adresser une courte mais éloquente harangue, dans laquelle il exhortait ses compagnons d’armes à remplir leur devoir de manière à prouver aux Français qu’il serait sage désormais de laisser la côte libre de toute entrave ; mais il s’abstint très-sagement de faire aucune allusion à une reine et à un pays dont il ne se sentait pas porté à faire l’éloge.

— Que chaque homme se rappelle la cause de courage qui est la plus agréable à ses habitudes et à ses opinions, dit en concluant cet imitateur des Annibal et des Scipion, car c’est la meilleure et la plus sûre méthode de donner de la fermeté à sa résolution. Dans ma position, je ne manque pas de motifs, et j’ose dire que chacun de vous peut trouver une raison suffisante pour prendre part de cœur et d’âme au combat qui se prépare. Protêts et crédits ! que deviendraient les affaires des meilleures maisons de la colonie si le chef de la principale devait être emmené à Brest ou à Lorient ! Cela dérangerait le commerce de toute la ville. Je ne veux pas offenser votre patriotisme en faisant une telle supposition, mais je dois croire que votre esprit est disposé comme le mien à résister jusqu’à la dernière extrémité. Ceci est une question d’un intérêt général comme le deviennent toutes les questions commerciales en considérant leur influence sur le bonheur et la prospérité de la société.

Ayant terminé ce discours, le digne bourgeois respira bruyamment, et reprit son calme accoutumé, parfaitement convaincu de son propre mérite. Si l’on pense que le discours de Myndert avait