Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/75

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un mélange de hollandais et d’anglais, que l’on retrouve dans les noms des lieux situés dans l’intérieur des premiers territoires des Provinces-Unies de la Hollande, est connu sous le nom de Sandy-Hook. Cette langue de terre semble avoir été formée par l’action constante des vagues, d’un côté, et le courant des différentes rivières qui déposent le trop plein de leurs eaux dans la baie. Sandy-Hook est ordinairement joint vers le sud aux basses côtes de New-Jersey. Mais il y a des périodes de plusieurs années pendant lesquelles la mer se fraie un passage entre ce qu’on peut appeler l’extrémité intérieure du cap et le continent. Pendant ces périodes, Sandy-Hook devient par conséquent une île. Il en était ainsi à l’époque à laquelle se rapportent les faits que nous racontons.

Les bords de l’Océan sur cet étroit banc de sable sont un rivage uni et régulier, comme sur la plupart des côtes de Jersey. Ils forment une espèce de dentelure dans les terres, de manière à présenter de sûrs ancrages aux vaisseaux qui cherchent un abri contre les vents de l’est.

L’une d’entre elles est une petite crique circulaire dans laquelle les vaisseaux d’un léger calibre peuvent s’arrêter en sûreté et se trouvent à l’abri de tous les vents. Ce havre, ou plutôt comme on l’appelle encore aujourd’hui, la Cove, est situé au point où le cap se réunit au continent, et le passage dont nous venons de parler communique directement avec les eaux lorsque le passage est ouvert. Le Shrewsbury, rivière de quatrième ou cinquième classe, ou plutôt un courant d’eau d’une largeur de quelques centaines de pieds, et d’une longueur peu étendue, arrive du sud, coule presque parallèlement avec la côte, et devient aussi un tributaire de la baie près de la Cove. Entre le Shrewsbury et la mer, le terrain ressemble à celui du cap, c’est-à-dire bas, sablonneux, quoique non dépourvu de fertilité. Il est couvert de pins et de chênes dans les lieux qui n’ont pas été soumis au travail de la main de l’homme, et où il n’existe pas de prairies naturelles. Sur la côte occidentale de la rivière est une élévation brusque qui atteint presque la hauteur d’une montagne. C’était près de la baie de cette dernière que l’alderman van Beverout, pour des raisons qui seront plus amplement développées dans le cours de cet ouvrage, avait jugé à propos d’ériger sa villa, qu’il avait agréablement appelée, suivant l’usage de la Hollande, le Lust-