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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/123

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prédominer à jamais dans la maison du Seigneur ; le bruit s’apaisa graduellement, et l’espérance de voir commencer le service divin l’emporta sur l’attention accordée à la prééminence du rang.

L’abbaye de Limbourg avait une haute réputation parmi les communautés religieuses des bords du Rhin, par ses décorations intérieures, ses richesses et son hospitalité. La chapelle était regardée, à juste titre, comme un rare modèle de goût monastique, et elle était abondamment pourvue de ces ornements qui rendent les monuments du premier ordre consacrés au culte catholique si imposants et d’un effet si solennel. Le bâtiment était vaste, son apparence avait quelque chose de sombre, comme tous ceux du même pays et du même siècle. On y voyait de nombreux autels, riches en marbres et en peintures, et tous célèbres dans le Palatinat par l’intercession favorable du saint auquel ils étaient dédiés ; ils étaient tous chargés des offrandes ou du suppliant, ou de celui qui venait remercier le saint d’une faveur obtenue. Les murs de la nef étaient peints à fresque, non par le pinceau de Raphaël ou de Buonarotti, mais cependant de manière à ajouter à la beauté du lieu ; le chœur était sculpté en relief d’après une méthode estimée, et qu’on exécute admirablement dans les États du milieu de l’Europe, de même qu’en Italie ; des légions de chérubins voltigeaient autour de l’orgue, de l’autel et des tombes. Ces dernières étaient nombreuses et indiquaient par leur magnificence que les corps de ceux qui avaient joui de tous les avantages de ce monde dormaient dans ces limites sacrées.

Enfin une porte communiquant avec les cloîtres s’ouvrit, et les moines parurent, marchant en procession. À leur tête on voyait l’abbé portant sa mitre, et vêtu du costume somptueux de sa dignité. Deux prêtres, couverts d’habits sacerdotaux, venaient ensuite ; et ils étaient suivis des religieux et des assistants. La procession traversa silencieusement les ailes, puis, après avoir fait le tour de la plus grande partie de l’église, adressant des prières devant les principaux autels, elle entra dans le chœur. Le père Boniface s’assit sur son trône épiscopal, et le reste de la confrérie occupa les stalles réservées pour de semblables occasions. Pendant la marche des moines, l’orgue fit entendre de doux accords, qui s’éteignirent au milieu des voûtes lorsque les religieux s’arrêtèrent. À cet instant on distingua au dehors un bruit de chevaux, et les prêtres, surpris, interrompirent un