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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/236

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politique des comtes de Leiningen leur donnaient bien le droit de conserver un train auquel les barons moins puissants renonçaient déjà ; et tous leurs châteaux étaient remplis de ces partisans volontaires qui depuis ont été remplacés par les troupes régulières et disciplinées de nos jours.

Le forgeron trouva beaucoup à approuver, et quelque chose à censurer, dans la troupe que Berchthold avait amenée à leur secours. Sous le rapport de l’insouciance dans le caractère, de l’audace pour un coup de main, de l’indifférence pour tout frein moral, elle ne laissait rien à désirer, car elle se composait en grande partie de gens qui vivaient aux dépens de la masse, occupant exactement dans l’échelle sociale la même position que les champignons dans le règne végétal, ou les divers exanthèmes dans l’économie animale. Mais quant à la vigueur des membres et à la force apparente du corps, considération première aux yeux du forgeron pour apprécier la valeur d’un homme, ils le cédaient de beaucoup aux bourgeois, chez lesquels une vie réglée, une heureuse et fertile industrie, avaient permis à la nature physique de prendre tout son développement. Néanmoins il y avait une bande de paysans, tirés des montagnes ou habitants du hameau situés sous les murs du château, qui, quoique moins menaçants dans leurs regards et moins hardis dans leurs propos, parurent à Dietrich de jeunes gaillards qui n’avaient besoin que de la discipline de Duerckheim pour devenir des héros.

Lorsque Heinrich et Berchthold rejoignirent leurs troupes respectives, après leur entretien particulier, toute apparence de mécontentement avait disparu de la figure du bourgmestre, et ils se mirent immédiatement l’un et l’autre à faire les dispositions nécessaires pour le succès de leur entreprise commune. Le bois dans lequel ils s’étaient arrêtés était exactement en face de l’extrémité de la montagne de l’abbaye, dont il était séparé par une prairie vaste et parfaitement unie ; La distance, quoique peu considérable, était suffisante pour rendre probable que le passage des assaillants sur ce terrain découvert serait remarqué par les sentinelles que les hommes d’armes prêtés aux moines par l’électeur, avaient sans doute placées, ne fût-ce que pour leur propre sécurité. Limbourg n’était pas une forteresse, sa sûreté consistait principalement dans cette force morale que l’Église, à qui elle appartenait, possédait encore, quoique pourtant elle eût perdu