car il faisait pressentir une défense d’autant plus sérieuse quand elle aurait lieu. Ils auraient préféré de beaucoup une résistance ouverte, et rien n’eût fait plus de plaisir aux deux chefs que d’avoir pu commander un assaut, sous le feu des arquebusiers du duc Frédéric ; mais cette satisfaction leur fut refusée, et toute la troupe étant arrivée sur une pointe du rocher qui était flanquée d’une tour, il devint nécessaire de renoncer à toute idée de rester cachés, et il fallut faire un mouvement rapide pour gagner la route. Ce fut cette brusque évolution qui troubla pour la première fois les moines dans la chapelle. Des coups redoublés, frappés sur la porte extérieure, leur annoncèrent bientôt une interruption plus sérieuse.
CHAPITRE XIX.
- Shakspeare. Coriolan.
ous avons vu que les assaillants étaient conduits par le bourgmestre
et par ses deux lieutenants, Berchthold et le forgeron. Ce
dernier était suivi de trois de ses ouvriers, armés comme lui d’un
marteau massif. Arrivés à la porte, ces artisans se mirent aussitôt
à remplir les fonctions de pionniers avec autant de promptitude
que de dextérité. Au troisième coup, porté par le bras robuste
de Dietrich, la porte céda, et ceux qui étaient en avant se précipitèrent
dans la cour.
— Qui es-tu ? s’écria Berchthold en saisissant un homme qui avait le genou appuyé sur la poitrine d’un autre, et qui lui barrait le passage. Parle, car ce n’est pas le moment de perdre le temps.
— Tout doux ! maître forestier, ne reconnaissez-vous plus vos amis ? Comment ! vous ne voyez pas que c’est Gottlob, qui tient le portier du couvent, de peur que le drôle ne barricade la porte ? Il y a des étrangers dans l’intérieur, et, consultant ses aises, le